Wednesday, March 26, 2003

Antigona au Kaaitheater de Bruxelles

L'oeuvre est montée avec grand soin dans cette production originale de l'Opéra de chambre Muziektheater Transparant, proposée par la Monnaie au Kaaitheater. Le metteur en scène néerlandais Gerardjan Rijnders signe sa première production d'opéra, et le résultat est plutôt concluant. Le décor est quasi abstrait ; sur fond bleu se détache un carré jaune qui est le lieu principal de l'action, tandis que trois parois en verre se referment au finale pour constituer la grotte d'Antigone. Au fond de la scène, quelques discrètes échappées sur des paysages. Les costumes, bien que contemporains, sont en fait atemporels dans leur sobriété et leur uniformité noire. Dans ce cadre presque esthétisant, Rijnders insuffle vie aux personnages, et fait preuve de trouvailles heureuses. Comme dans la première scène, où les dépouilles d'Etéocle et de Polynice sont sobrement symbolisées par deux te-nues guerrières étendues sur le sol, l'une étant enlevée par les gardes de Créon, l'autre dérobée par Antigone. Au finale, cette dernière et Hémon sont affublés de perruques poudrées, comme pour mieux souligner que la fin heureuse est affaire du XVIIIe siècle.
On peut s'étonner de ce que les deux soeurs soient très semblables, Ismène étant quasi aussi revendicatrice qu'Antigone, leurs interprètes - également soeurs dans la vie - étant surtout différenciées sur le plan vocal. La soprano Raffaella Milanesi campe une intense Antigone ; après un début hésitant, elle se montre précise dans ses vocalises et chante une émouvante scène d'adieux. Beau mezzo, Giorgia Milanesi est Ismène. Remplaçant Guy De Mey, souffrant, Markus Brutscher souligne davantage la brutalité de Créon que son appartenance royale. Hémon est confié à l'alto Maartje de Lint, au timbre chaleureux, mais au souffle assez court et au phrasé un peu négligé. Satisfaisant, l'Adraste de David-Erich Fankhauser. Tous font preuve d'une égale conviction dans l'interprétation de leurs rôles. Intervention engagée aussi du choeur La Sfera del Canto et de l'ensemble Il Fondamento, sous la direction de Paul Dombrecht. L'orchestre n'est cependant pas exempt de quelques cafouillages, et son positionnement dans une fosse beaucoup trop profonde n'est guère favorable à des sonorités distinctes.

Opéra International - mai 2003

Bruxelles - Kaaitheater - 26, 27, 29 mars 2003 - Choeur La Sfera del Canto
Ensemble Il Fondamento
dir. Paul Dombrecht
mise en scène Gerardjan Rijnders
décors Paul Gallis - costumes Rien Bekkers
lumières Reinier Tweebeeke
avec Raffaella Milanesi (Antigona),
Giorgia Milanesi (Ismene),
Guy De Mey (Creonte),
Maartje de Lindt (Emone),
Markus Brutscher / David-Erich Fankhauser (Adrasto)
production de Muziektheater Transparant de Brugge 2002 - Salamanca 2002